La Nuit Nanarland 8

LA NUIT NANARLAND 8
SAMEDI 20 SEPTEMBRE 2025 – 19H30/08H00 – LE GRAND REX

Tout a une fin, sauf la Nuit Nanarland qui en aura… plusieurs.

Pour comprendre ce paradoxe, il faut se rappeler que l’événement est né en 2005 sous l’impulsion de Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française, qui nous avait alors proposé de co-créer la Nuit Excentrique afin de fêter le déménagement de l’institution du palais de Chaillot vers ses nouveaux locaux de Bercy.

Il imagine pour cela une formule qui n’a pas changé depuis : 4 films, des bandes-annonces et des extraits de nanars. Jusqu’au-boutistes, nous avons surenchéri en ajoutant à ce programme déjà roboratif des montages de notre fabrication, pour célébrer ce que la Cinémathèque n’avait pas en stock (eh oui) : les VHS, direct-to-DVD, films disparus ou productions exotiques jamais importées en France. C’est ainsi que naquirent les Cuts Nanarland. Insatiables, on demanda à François Cau d’y ajouter des quiz sur le nanar (afin d’écouler les invendus des Cash Converters de Grenoble comme cadeaux à gagner). Quiz qu’il présenta avant que Rico et Fabien ne poussent le concept encore plus loin en y intégrant notamment leurs célèbres karaokés.

Prévue comme un one-shot festif, la Nuit Excentrique remporta un tel succès qu’elle fut reconduite pendant dix ans. Au bout de cette décennie, nous avons choisi de conclure sur un chiffre rond, et beau. Ce fut la première fin.

Jusqu’à ce que… Manu Rossi, complice et fournisseur de pellicules 35 mm sur toutes les éditions, nous suggère de tenter une folie, pour tourner cette page de la plus belle manière : une dernière Nuit Excentrique dans la plus grande salle de cinéma d’Europe. C’est comme ça que nous sommes arrivés au Grand Rex il y a 10 ans, en 2015, pour ce qui fut La Nuit Excentrique 11, alias La Nuit Excentrée.

Et pour citer le merveilleux dialogue entre Pierre Tremblay et Bruce Baron dans le final de Flic ou Ninja : “Ce fut un succès”… Nous avons alors décidé, au petit matin, de recommencer autant de fois que nous le voudrions.

Voilà comment est née la fille de la Nuit Excentrique : la Nuit Nanarland ! Mais dix ans plus tard, nous nous retrouvons face au même constat… l’envie de terminer en beauté sur un chiffre rond. Or… c’est compliqué ! Car si la première Nuit Excentrique a bien eu lieu il y a pile 20 ans, l’édition de cette année sera la 19ᵉ (du fait des années blanches du Covid et de 2024).

C’est pourquoi nous avons choisi d’offrir à l’événement non pas une, mais deux fins :

  • La dernière Nuit Nanarland, le 20 septembre prochain, avec quatre films encore jamais diffusés.
  • Puis, en 2027, une Ultime Nuit Nanarland, version “Best of”, avec la rediffusion de quatre films qui ont marqué à jamais nos spectateurs.

Cette édition 2025 amorcera donc le début de la fin, une boucle qui se referme dans la continuité directe de la toute première Nuit Excentrique : toujours quatre longs-métrages incroyables, toujours des bandes-annonces rares, des présentations assurées par les membres du site et Jean-François Rauger, des cuts, des quiz, des cadeaux, des extraits insensés… une avant-dernière fois.

IMPORTANT : Ouverture des portes à 17h30 // Vous pouvez venir avec de la nourriture emballée type chips, gâteaux, cookies etc. mais pas de plats chauds et/ou en sauce ni de boissons en canettes (les bouteilles en plastique sont autorisées). Nous sollicitons évidemment votre bienveillance pour ne pas qu’il y ait d’abus, de dégradations ni de déchets abandonnés dans la salle. Les contrevenants, s’ils sont pris en flagrant délit, seront fouettés sur scène cul nu avec des orties.

Fight of Fury
Shuny Bee – 2020 – Etats-Unis – 81 min – VOSTFR – DCP

Maître en arts martiaux et ancien soldat d’élite népalais, Brandon pensait avoir laissé la violence derrière lui. Mais lorsqu’en secourant une jeune femme il découvre un vaste réseau de proxénétisme en plein cœur de Los Angeles, la guerre contre les trafiquants d’êtres humains est déclarée…

Fight of Fury appartient à cette catégorie très particulière de films autoproduits par une seule personne qui consacre toute son énergie – et souvent une bonne partie de ses économies – à donner vie à une vision. Sa vision. Un film, son film, dont il est convaincu que l’humanité a besoin, même si elle n’en a pas encore conscience.

Écrit, produit, réalisé, chorégraphié, monté et interprété par Shuny Bee, professeur d’arts martiaux népalais installé à Los Angeles, Fight of Fury est sans doute l’un des projets cinématographiques les plus enthousiasmants qu’il nous ait été donné de découvrir depuis longtemps.

Shuny Bee y incarne un héros comme on n’en fait plus : expert en arts martiaux, père aimant endeuillé, épris de justice. Dès les premières images, on comprend qu’on n’est pas face à un simple film mais une vibrante déclaration d’amour au cinéma d’action – celui qui a bercé l’enfance de beaucoup d’entre nous à travers les vidéoclubs. Car Fight of Fury est bien plus qu’un récit de vengeance : c’est avant tout un hommage total à Bruce Lee, le modèle absolu de Shuny Bee, à qui le réalisateur-auteur-acteur-chorégraphe dédie son film dès le générique d’ouverture.

Et c’est précisément cet hommage sincère qui fait tout le sel de Fight of Fury. On reste bouche bée devant la succession de combats hauts en couleur, où l’art martial se transforme en véritable poésie gestuelle : les bras moulinent comme des éoliennes en pleine tempête au rythme des cris suraigus de Shuny Bee, chacun de ses “WATAAA !” déclenchant un shoot de dopamine dans le cerveau du spectateur, proprement hypnotisé par ce qu’il est en train de voir.

Et quand le rythme ralentit, le charme opère encore plus : dialogues ingénus, comédiens  en roue-libre (mention spéciale à Nikki, dont l’intensité ne faiblit jamais), montage surprenant, décors multi-usages bricolés avec une bonne dose de créativité artisanale… Tout concourt à conférer au film une saveur absolument unique.

Croisement irrésistible entre série B d’arts martiaux et “fan project” poussé à son paroxysme, Fight of Fury transpire la sincérité et l’enthousiasme, et s’affirme déjà comme une oeuvre indispensable.

Inédit en France, il vous sera présenté dans une VOSTFR spécialement créée par l’équipe de Nanarland, lors d’une grande première qui promet autant de surprises que d’émotions.

Voyage of the Rock Aliens
James Fargo – 1984 – Etats-Unis – 97 min – VF – DCP

À bord de leur vaisseau spatial en forme de guitare électrique, des aliens mélomanes en combinaison fuchsia voguent à travers l’espace à la recherche de la planète qui a inventé le rock’n roll.

À l’origine, le scénario de Rock Aliens avait été pensé comme une parodie de beach movies, de séries Z de science-fiction et de films d’épouvante des années 1950, un patchwork foutraque et déjanté façon Cheeseburger film sandwich. Jusqu’à ce que débarque sur le projet Pia Zadora, actrice et chanteuse dont la carrière naissante était portée par la fortune de son mari multimillionnaire. Rock Aliens est alors remanié pour devenir une sorte de gigantesque clip promotionnel, dont la seule raison d’être est de faire briller sa star putative et la propulser au firmament.

Plus qu’une comédie musicale, Rock Aliens est une sorte de “parodie de nanars qui devient elle-même un nanar”, une séance de zapping en mode “tout dans le fluo, rien dans le cerveau”, où tout le monde s’agite à l’écran avec un enthousiasme fébrile pour masquer l’absence flagrante de script.

Ce “film gag-musique” (comme le clamera une édition VHS française à court d’arguments) constitue par ailleurs une capsule temporelle chimiquement pure des années 1980, tant sur les plans musical (du rockabilly poseur de Jimmy & the Mustangs aux sonorités new wave de Rhema), capillaire et vestimentaire (chaque apparition de Dee Dee, lycéenne incarnée par une Pia Zadora quasi trentenaire, est une source de ravissement), ou de l’humour (qu’on qualifiera pudiquement de daté).
Tourné durant l’automne 1983, Rock Aliens ne sortira que fin 1987 – et directement en vidéo aux Etats-Unis – Pia Zadora s’étant laissée convaincre que le film ferait, tout bien réfléchi, plus de mal que de bien à sa carrière. Avec sa musique guimauve, ses acteurs tartes, ses péripéties sentimentales sirupeuses et son humour qui colle aux dents, le résultat est un gros roudoudou nanar qui devrait vous flanquer l’équivalent visuel d’une bonne indigestion de sucre !

Le film vous sera proposé dans une copie numérique flambant neuve, avec la VF d’époque et les chansons en version karaoké fabriquées spécialement pour l’occasion.

Les Fantastiques Supermen Chinois
Lin Chen Wong – 1976 – Taïwan / Japon – 76 min – VF – 35 mm

Les Super Riders, super-motards virevoltants en costumes d’insectes, défendent la Terre de la sinistre organisation Satan et de ses pittoresques émissaires, l’Agent des Enfers et le Docteur Mort qui, entre deux rires sardoniques, envoient des légions de monstres en latex pour conquérir le monde.

Dans les années 1970, la mode japonaise du Super Sentai déferle sur l’Asie. Ultraman, Spectreman, Jumborg Ace, Super Robot Red Baron… (elle arrivera en France au début des années 80 avec X-Or ou Bioman). Les écrans sont envahis de héros japonais colorés et bondissants qui castagnent des gloumoutes aux designs caoutchouteux parfaitement invraisemblables. Au petit déjeuner devant leur télé, les enfants sont ravis et les producteurs se frottent les mains.

À Taïwan, on veut aussi raccrocher les wagons de la hype. Des petits malins rachètent les droits de la série nippone Kamen Riders et remontent gaillardement plusieurs épisodes en un seul film, n’en conservant que les monstres et les combats, et rajoutant au chausse-pied et à moindre coût de nouvelles scènes de transition tournées avec des acteurs locaux pour siniser l’ensemble.

Sans moyens et surtout sans aucun complexe, les Taïwanais nous livrent une ratatouille visuelle particulièrement généreuse, menée tambour battant et en dépit du bon sens, en nous régalant d’un festival d’aventures nonsensiques à base de poursuites à moto, de grosses bestioles ricanantes, de cabrioles aériennes, de bourre-pifs, de poses héroïques irrésistibles, d’effets spéciaux colorés… et de faux raccords carabinés.

Ça marche si bien que des distributeurs français décident de le sortir chez nous, lâchant la bride à des comédiens de doublage qui, trouvant probablement l’ensemble encore un peu trop sage et janséniste, finissent de le dynamiter en se lançant dans un concours de cabotinage effréné. Moquez vous, mais… les Américains ont peu ou prou fait pareil avec Power Rangers !

Qu’un tel film ait pu autrefois atteindre les salles françaises, qui plus est sous un titre aussi lyrique que Les Fantastiques Supermen Chinois, nous a toujours plongés dans un émerveillement songeur. Cinquante ans après sa sortie, c’est avec le même émerveillement que nous pourrons redécouvrir ce film sur grand écran, grâce à la copie 35 mm d’époque conservée dans les archives de la Cinémathèque française.

Crocodile Fury
Ted Kingsbrook – 1988 – Thaïlande / Hong Kong – 85 min – VF – VHS

Un crocodile géant sème la terreur dans un petit village de Thaïlande. L’animal dévore les habitants et reste sourd aux paroles d’apaisement de Jack, un courageux villageois qui le supplie d’arrêter. Car ce crocodile est en réalité Maria, la réincarnation de la fiancée de Jack, tombée sous la férule du machiavélique Cooper et de son acolyte Don Moore. En parallèle, un type en treillis militaire et un enquêteur moustachu affrontent des fantômes vampires envoyés par la sorcière Monica, qui s’est alliée avec Cooper.

Crocodile Fury fut le premier titre qui nous est venu à l’esprit lorsque nous avons imaginé la programmation idéale de la toute première Nuit Excentrique à la Cinémathèque française en 2005, il y a déjà vingt ans. Pour l’équipe de Nanarland, il était – et demeure – un absolu du nanar. Hélas introuvable dans les archives de la Cinémathèque à Saint-Cyr, dénicher une copie de ce film est depuis devenue pour nous une sorte de quête du Graal.

L’espoir a ressurgi il y a quelques années lorsqu’un distributeur un peu fou a récupéré en 35 mm le catalogue de Filmark, la société de production hongkongaise responsable de Crocodile Fury. Mais la déception fut immense : le film ne figurait pas dans les stocks. Pire ! Le négatif original fait vraisemblablement partie des œuvres disparues lors de l’incendie qui a ravagé les locaux de l’entreprise en 1996.

Alors, pour conclure cette dernière Nuit Nanarland au contenu inédit, nous avons voulu tenter quelque chose que nous n’avions jamais osé : nous avons confié à un laboratoire spécialisé la numérisation de la VHS française du film, pour avoir enfin le plaisir de projeter Crocodile Fury dans la meilleure des qualités possibles.

On sera certes loin de l’éclat d’une “copie restaurée en 4K à partir du négatif” ! Mais d’une certaine manière cette projection vient boucler la boucle, puisque la soirée s’achèvera comme ont commencé celles qui nous ont poussé à créer Nanarland.com : par un visionnage collectif de nanar en VHS. À la différence près que cette fois, au lieu d’être cinq serrés dans un salon, nous serons 2 700 réunis dans la plus grande (et belle) salle de cinéma d’Europe.

Et le film, alors ? Crocodile Fury appartient à la famille des “deux-en-un” hongkongais, ces productions improbables qui recyclent un métrage existant (ici un film de crocodile thaïlandais de 1985 nommé Krai Throng 2) en y greffant quelques scènes tournées à la va-vite à Hong Kong avec une poignée d’Occidentaux hagards (comme celles avec la sorcière Monica, jouée par une touriste originaire de la campagne anglaise, de passage à Hong Kong), puis en réinventant dialogues et intrigue pour donner une illusion de continuité à l’ensemble. Ce procédé de margoulins a été employé dans un nombre extravagant de films de ninjas mais, comme son titre l’indique, Crocodile Fury relève lui de l’attaque animale. Une échappée hors du cadre des arts martiaux qui change tout : à l’origine, le film de crocodile thaïlandais dans lequel il pioche était déjà riche en séquences folles, mélangeant pêle-mêle images de documentaires animaliers, crocodiles en bois ou en mousse mais aussi hommes crocodiles et magie. Le mélange complètement absurde avec des vampires / zombies sautillants (une figure récurrente du folklore horrifique chinois appelée “gyonsi”) et une sorcière de Prisunic aux ongles en carton le propulse dans une dimension psychotronique. Et la touche finale que constitue la version française d’époque complètement outrancière achève d’en faire un objet hallucinatoire, d’une puissance de sidération nanarde quasi chamanique !

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