LA NUIT NANARLAND 5
SAMEDI 25 SEPTEMBRE 2021 – 20H00/07H00 – LE GRAND REX
Après une triste année blanche, place à la cinquième Nuit Nanarland ! Une édition de “retrouvailles”, qui sera aussi l’occasion de célébrer les (déjà) 20 ans de Nanarland.com.
Pour être à la hauteur de l’événement, nous avions conscience qu’il était indispensable de proposer quatre chefs-d’oeuvre d’une densité absolue (dans des versions pour la plupart inédites, évidemment : des transferts HD flamboyants, et des VF recomposées par nos soins à partir des pistes son d’époque, ou des traductions exclusives).
Petite coquetterie : pour marquer le coup les films de cette année sont tous intimement liés à l’histoire de notre site : Piège Mortel à Hawaï ? C’est l’un des nanars préférés de l’équipe depuis les débuts de Nanarland. En Büyük Yumruk ? C’est LE film qui nous a donné la mesure de la folie furieuse qui habite le cinéma d’exploitation turc. Celui qui nous a convaincu que le célèbre Turkish Star Wars n’était que l’arbre qui cachait la forêt du nanar ottoman. Suède, enfer et paradis ? C’est LA rareté, jamais sortie en vidéo en France, qui a le plus marqué les spectateurs des Nuits Excentriques. Le film que l’on nous demande chaque année de rediffuser. Et enfin Strike Commando, c’est une œuvre de Bruno Mattei dont on espérait depuis longtemps trouver une copie, certainement l’un des tous meilleurs ambassadeurs du cinéma qui nous rassemble.
On le sait, une Nuit Nanarland c’est aussi tout ce qui est diffusé entre les films. Là encore, pour célébrer les 20 ans du site, nous avons eu envie de regarder un peu dans le rétro et de nous replonger dans les archives de nos Cuts excentriques, ces montages qui compilent des extraits de nos plus belles découvertes nanardes depuis la toute première Nuit Excentrique à la Cinémathèque française.
Rappelons que ces proto-Nuits Nanarland se tenaient en leur temps dans une salle de seulement 400 places ! Du haut des 10 éditions qui s’y sont déroulées, ce sont 40 cuts, soit 10 heures de montages, qui ont été diffusés et qui n’ont mathématiquement pu être vus que par une infime minorité des 2500 spectateurs de la prochaine Nuit Nanarland au Grand Rex. Si l’on ajoute à cela qu’un spectateur aujourd’hui âgé de dix-huit ans en avait… hum… deux… lors de la première Nuit Excentrique, on réalise vite que les archives de nos Cuts sont une mine d’extraits à découvrir, plus qu’à redécouvrir.
Nous proposerons donc pour cette soirée anniversaire une sélection des montages qui ont le plus impacté les spectateurs depuis nos débuts, spécialement recompilés pour cette Nuit Nanarland 2021. Et pour aller au bout de l’idée, on s’est dit que quitte à penser “best of”, il fallait y aller franchement : nous diffuserons donc cette année, en plus des bandes-annonces et des quiz, non pas quatre, mais huit Cuts Excentriques. On n’a pas tous les jours 20 ans, non ?
IMPORTANT : Ouverture des portes à 18h30 // Vous pouvez venir avec de la nourriture emballée type chips, gâteaux, cookies etc. mais pas de plats chauds et/ou en sauce ni de boissons en canettes (les bouteilles en plastique sont autorisées). Nous sollicitons évidemment votre bienveillance pour ne pas qu’il y ait d’abus, de dégradations ni de déchets abandonnés dans la salle. Les contrevenants, s’ils sont pris en flagrant délit, seront fouettés sur scène cul nu avec des orties.
MESURES SANITAIRES : https://www.legrandrex.com/mesures-sanitaires
Piège Mortel à Hawaï
Andy Sidaris – 1987 – Etats-Unis – 96 min – VF – DCP
Deux agentes du FBI trouvent un petit hélicoptère dans lequel se trouvent des diamants. Leur propriétaire, un trafiquant de drogue, va tout faire pour les récupérer.
Piège Mortel à Hawaï fait partie des rares perles cinématographiques qui répondent à l’épineuse problématique : quel nanar montrer à quelqu’un qui découvre le genre, tout en étant largement à la hauteur des exigences les plus folles du spectateur aguerri ? C’est donc le nanar qu’il nous fallait pour fêter nos retrouvailles. Pourtant, sur le papier, Piège Mortel à Hawaï pourrait passer pour une énième proposition dans le genre archi essoré du polar d’action low cost américain. Mais ce serait compter sans le talent d’Andy Sidaris, son réalisateur, qui situe l’enquête sans queue ni tête de son film dans un univers qui lui est propre. Dans ce monde merveilleux, on ne croise que deux types de personnages : des playboys débauchés des Feux de l’amour et des playmates repérées dans les pages centrales du magazine Playboy. A l’image de ces héros, tout est trop simple, trop beau, trop toc, tout le monde est trop musclé, trop galbé, trop bronzé, et surtout trop, beaucoup trop idiot.
Dans le Sidarisverse on prend beaucoup de douches, beaucoup de bains, et la figure cinématographique dite du “plan nichon” y est aussi fréquente qu’un ralenti dans un film de Zack Snyder. Mais le film ne serait pas la pierre angulaire qu’il est s’il n’y avait que cela. Le plus fabuleux coup de force de Piège Mortel à Hawaï, c’est son refus de céder à la facilité de ne se reposer que sur la plastique avantageuse de ses comédiens. Car Sidaris n’oublie jamais qu’il tourne un polar, et qu’à ce titre, il est tenu de proposer de généreuses scènes d’action. Et de ce point de vue, il faut l’admettre, il n’a peur de rien, et surtout pas du ridicule. Au gré du scénario, le spectateur découvre ainsi ébahi de nombreux moments de bravoures cinématographiques réellement anthologiques. Au point qu’on peut affirmer que si Psychose a changé à jamais votre vision de la douche, vous ne verrez plus jamais vos toilettes de la même façon après avoir vu la scène finale de Piège Mortel à Hawaï.
En Büyük Yumruk
Çetin Inanç – 1983 – Turquie – 76 min – VOSTF – DCP
Un parrain de la mafia et ses sbires terriblement moustachus font régner la terreur en ville. Un justicier au brushing indestructible va y mettre bon ordre.
Il fallait bien que nous programmions un jour un film avec l’une de nos icônes préférées : la super star turque Cüneyt Arkın. C’est chose faite cette année avec la diffusion d’une des œuvres les plus folles de sa carrière. Çetin Inanç – auteur des réjouissants Death Warrior et Turkish Star Wars – donne ici la pleine démesure de son talent de cinéaste, caractérisé par un style qui n’appartient qu’à lui : art du montage épileptique, bande-son tonitruante, et « emprunts » systématiques d’images et de musiques aux plus grands classiques américains. Ne soyez donc pas surpris d’entendre la chanson de Rien que pour vos yeux, ou les thèmes d’Opération tonnerre et Mon nom est personne, ni de croiser Gene Hackman, le temps d’un fugace stock-shot tiré de French connection ! Rugueux polar d’action qui vous vrillera les tympans et transformera votre cervelle en steak haché, En Büyük Yumruk ne se raconte pas, il se vit, comme un long voyage hallucinatoire aux confins de l’hystérie. Pouvoir projeter ce film dans de bonnes conditions n’est pas loin de relever du miracle. Numérisé à partir d’une copie 35 mm un peu déglingue, il vous sera proposé pour la première fois en France dans sa version originale, sous-titrée par nos soins.
Suède, enfer et paradis
Luigi Scattini – 1968 – Italie – 90 min – VF – 35 mm
Documentaire choc nous offrant une plongée en apnée dans la brutale réalité de la Suède des années 1960, terre de stupre et de dépravation.
Suède, enfer et paradis est un mondo-movie italien œuvrant à nous faire découvrir les travers de la décadente société suédoise, sur ce ton didactique et moralisateur propre au genre. On assiste ainsi à un enchaînement de séquences racoleuses – parfois réelles, parfois bidonnées (c’est-à-dire mises en scène mais présentées comme authentiques) – accompagnées par un commentaire en voix off ahurissant, lu en version française par le génial Jean Topart. D’un point de vue sociologique, cette oeuvre au charme désuet nous expose en fait le clash culturel entre la vieille Italie catholique, puritaine et traditionaliste, et une Suède libérale déjà entrée dans la modernité, avec ses femmes qui travaillent, ses réseaux de crèches et garderies (qualifiés de « parkings pour enfants » dans le commentaire !), la légalisation de l’avortement ou encore les distributeurs de préservatifs dans les rues, qui n’émeuvent pourtant plus personne aujourd’hui. Si la Suède est un enfer aux yeux des Italiens, c’est parce qu’elle apparaît comme un pays beaucoup trop permissif où les mœurs sont trop relâchées par rapport aux standards transalpins de l’époque. Et c’est cette grille de lecture qu’il faut avoir en tête pour comprendre et apprécier l’énormité des commentaires qui s’emploient à dépeindre, avec une mauvaise foi incomparable, une Suède « prospère mais sans valeurs morales, où le sexe est partout mais le bonheur nulle part ». Bien entendu, l’entreprise est on ne peut plus hypocrite puisque, sous prétexte de dénoncer la débauche de la société suédoise, le réalisateur s’emploie à nous l’exposer le plus complaisamment possible.
Plus de 50 ans après sa sortie, Suède, enfer et paradis apparaîtra sexiste, misogyne et réactionnaire au public d’aujourd’hui, reflet d’une époque heureusement révolue. Soyons francs : le propos de cette « time capsule » est surtout complètement ringard et à côté de la plaque, le ridicule fini d’un telle entreprise ne pouvant susciter qu’un rire sain. Comment réagir autrement lorsque Jean Topart, tel un camelot pété à la grappa, s’échine à nous mettre en garde contre les Suédoises, véritables succubes qui se roulent lascivement dans la neige au cours d’étranges bacchanales boréales, « comme le faisaient avant elles leurs ancêtres les sorcières », et « comme le feront après elles les maîtresses de l’an 2000 » ? Ou contre les Suédois, ces pervers polymorphes insensibles qui attendent dans la pâle lumière de leur soleil crépusculaire de dominer le monde après l’apocalypse nucléaire en… mangeant du cirage !
Jamais sorti sur aucun support en VF, Suède, enfer et paradis avait été projeté en 2011 à la Cinémathèque française, mais avec une bobine manquante. Nous le projetterons en 35 mm, dans son intégralité, et en version française.
Strike Commando
Bruno Mattei – 1986 – Italie/Philippines – 104 min – VF – DCP
Michael Ransom, soldat d’élite américain, est chargé de mener une mission dans un camp vietcong mais est trahi par le fourbe Colonel Radek…
Vous avez trouvé Rambo 2 trop compliqué ? Portés Disparus trop subtil ? Strike Commando est fait pour vous ! Tourné aux Philippines avec tout le savoir faire italien des années 80, Strike Commando renvoie à une époque où le moindre succès du box office était immédiatement photocopié par les cinéastes transalpins pour dix fois moins cher. Bruno Mattei, déjà responsable de plagiats de Predator, Terminator ou des Dents de la mer, livre ici une sorte de caricature de Rambo II : la mission, simplifiant la mince trame originale jusqu’à l’épure, pour ne conserver que l’essentiel : mitraillages, tabasse, explosions et hurlement gutturaux dans la jungle. Strike Commando, c’est un film pour les mecs, les vrais, ceux qui sentent sous les bras, ont de la testostérone à revendre et un QI à un chiffre. Un plaisir hautement régressif, porté à bout de bras par son interprète principal, Reb Brown, un habitué du nanar qu’on a déjà pu croiser dans les croquignolets Hurlement II, Space Mutiny, Yor ou Robowar. Il joue ici comme un possédé son rôle de soldat d’élite perdu dans cette foutue guerre du Vietnam, la moitié de ses répliques se résumant à des hurlements bestiaux et hystériques. La rencontre de notre héros avec l’ignoble Soviétique Jakoda, gros morceau de bidoche sous stéroïdes avec une tête de hooligan de l’AS Roma, constitue un des climax du film : l’affrontement grotesque de deux bovidés en furie, beuglant à pleins poumons, filmé et chorégraphié n’importe comment. Le film sera projeté dans sa version française d’époque, dans une copie numérique de toute beauté remasterisée à partir du négatif original.